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QUESTIONS FREQUENTES
01/ Qu’est-ce que le saké Junmai ?
02/ Que signifie Junmai ?
03/ Comment se boit le saké ? Quels sakés faut-il chauffer et pourquoi ?
04/ Comment faire chauffer le saké ? A quelle température ?
05/ Comment conserve-t-on un saké ?
06/ Quelle est la couleur d’un vrai saké ?
TABLEAU DE CLASSIFICATION DES TYPES DE SAKES
07/ Comprendre l’état actuel du marché
LES INGREDIENTS D’UN BON SAKE
08/ Qu’est ce que le Koji ?
09/ Qu’est ce que le Kome-koji ? Quelle quantité ?
10/ Combien y a-t-il de sortes de riz à saké ? Quelle différence avec un riz alimentaire ?
11/ Quelle eau utiliser ?
12/ Les levures ?
13/ Les hommes
LA FABRICATION DU SAKE
14/ Qu’est-ce que la double fermentation simultanée ?
15/ La méthode Kimoto
16/ La méthode Sokujo
17/ La méthode Yamahai
18/ Débat autour de ces 3 méthodes
19/ Pourquoi poncer le riz ?
20/ Pourquoi cuire le saké ? quelle est la difference avec un namazake ?
21/ Ginjo et Dai Ginjo ?
HISTOIRE CONTEMPORAINE DU SAKE
22/ De quelle qualité étaient les sakés avant et après la 2ème Guerre Mondiale ?
23/ Pourquoi le saké traditionnel Junmai a-t-il totalement disparu pendant la 2ème Guerre Mondiale ?
24/ Pourquoi le saké avec ajout d’éthanol a continué à être la norme après la guerre jusqu’à aujourd’hui ?
25/ Comment à partir des années 70 le saké servi froid s’est imposé ?
26/ Qui a fait renaître le saké Junmai ?
27/ Le saké Junmai est il sauvé ?
DOCUMENTS A TELECHARGER
Fabrication du saké
Tableau classant les différents types de sakés
Histoire de la brasserie Shinkame
Histoire de la brasserie Koikawa
Le combat de Yoshimasa Ogawahara
LES PROFESSIONNELS
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01/ Qu’est ce que le saké Junmai ?
C’est un alcool japonais fermenté titrant entre 5° et 22°, le plus souvent autour de 15°, à base uniquement de riz, de Komekoji, d’eau, d’acide lactique ajouté ou pas et de levures sélectionnées ou indigènes. Il est traditionnellement cuit et se boit chaud. Quand il n’est pas cuit, il prend le nom de namazaké et se boit légèrement frais. Certains sakés et namazakés peuvent être troubles ; on les appelle alors Nigorizakés.
02/ Que signifie Junmai ?
Junmai-shu = pur alcool de riz
Cela signifie qu’aucun additif (exhausteur de goût et/ou alcool distillé) n’ont été utilisé pendant la production du saké. Sa couleur est légèrement jaune.
Seuls les sakés junmai-shu sont de vrais sakés. Il n’existe pas au japon de tradition de saké fortifié avec de l’alcool distillé. Quand on ajoute de l’alcool ou des exhausteurs de goût, cela signifie deux choses : soit le brasseur ne maîtrise pas sa fermentation, soit il veut augmenter la quantité produite pour réduire ses coûts. Cela va à l’encontre d’un saké de qualité.
03/ Comment se boit le saké ? Quels sakés faut-il chauffer et pourquoi ?
Pour le deguster, le saké est traditionnellement chauffé (à ne pas confondre avec la cuisson qui est une étape dans la fabrication du saké dit hiire), cela va permettre d’ouvrir les arômes. Chauffer un saké, c’est un moment de vérité qui va faire ressortir les qualités et les défauts. Seuls les sakés très bien faits peuvent supporter la chauffe. Après l’avoir chauffé, on le boit progressivement, au fur et à mesure qu’il refroidit jusqu’à froid.
Les namazakés, comme ils ne sont pas cuits, se boivent eux plus volontiers à température ambiante ou légèrement fraiche.
Dans la dégustation du saké, il n’y a pas vraiment de règles stricte. Souvent c’est l’accord avec la nourriture qui va déterminer ce qu’on va faire. Si il y a une seule règle stricte la voici: l’accord autorise tout et à la fin il a toujours raison.
Donc pour être plus souple et rester dans l’harmonie japonaise, les japonais ont horreur du conflit, je dirais « si on veut boire un sake chaud, on choisira plutot un saké cuit, si on veut boire un sake froid, on choisira plutot un saké cru dit namazake et à la fin l’accord a toujours raison
04/ Comment faire chauffer le saké ? A quelle température ?
Dans l’idéal, le saké se fait chauffer au bain-marie, cela fait une chauffe plus douce et régulière. Le saké va être chauffé entre 45° et 70° parfois plus. Il faut d’excellents sakés pour les chauffer à cette température. Si ce n’est pas le cas, de mauvais goûts vont apparaître, souvent une mauvaise amertume en fond de bouche, ou un très fort déséquilibre dans les saveurs, ainsi que des odeurs d’alcool. En général quand le sake n’est pas d’assez grande qualité, les producteurs de ces sakés conseillent de les boire froids. Le froid, en anesthésiant votre palais, va en cacher les défauts. Si vous vouler découvrir le plaisir d’un vrai saké froid buvez plutot un namazake, saké cru.
05/ Comment conserve-t-on un saké ?
Avant ouverture, il faut le garder à l’abri de la lumière à une température de cave ou n’excédant pas 20°. Dans ces conditions, un bon saké va se garder plusieurs années et s’améliorer. Il va gagner en arômes, en finesse et en profondeur. Si vous voulez le garder beaucoup plus longtemps 10, 20 ou 30 ans certain sakés nécessiteront d’être garder à une température proche de 0° voir négative. le froid ralentit le vieillissement du saké.
Après ouverture, il peut se conserver à température ambiante plusieurs mois, voire plusieurs années. Dans tous les cas, pour une conservation longue, il est préférable de protéger le saké des UV et des fortes chaleurs. De manière général un saké bien fait est capable d’endurer des conditions parfois étonnantes y compris les namazakés.
Si le saké ne conserve pas avant ou aprés ouverture ça parle de sa qualité
06/ Quelle est la couleur d’un vrai saké ?
La vraie couleur du saké est légèrement jaune. Quand les sakés sont blancs, sans couleur, c’est qu’ils ont été filtrés au charbon actif pour en enlever la couleur et les mauvais goûts. En vieillissant il va devenir ambré jusqu’à noir.
07/ Classification des types de sakés existant sur le marché
Voir tableau ci-dessous, il faut connaître un peu la sombre histoire du saké de la seconde guerre mondiale aux années 2000 pour comprendre l’état actuel du marché, qui mélange sous la même appellation Seishu, des boissons qui sont totalement différentes. de mon point de vue Le saké est junmai-shu ou n’est pas !
08/ Qu’est ce que le Koji ?
Le koji est une moisissure qui permet de transformer l’amidon contenu dans le riz en sucre. On appelle cette étape la saccharification. On parle de kojikin dans le sake
09/ Qu’est ce que le Kome-koji ? Quelle quantité ?
Une fois que le Koji s’est développé sur et dans le grain de riz et qu’il a commencé à transformer l’amidon en sucre, on appelle ce riz Kome-koji. Pour réussir la fermentation, il faut au minimum 17,5% de Kome-koji. Depuis 2004, la législation autorise à n’en utiliser que 15% ! Dans ce cas, il faut utiliser une enzyme artificielle, sans laquelle il est impossible de mener la fermentation à terme. La législation n’oblige nullement les brasseurs à en indiquer son usage sur l’étiquette.
10/ Combien y a-t-il de sortes de riz à saké ? Quelle différence avec un riz alimentaire ?
Il y a plus de 170 variétés de riz à saké. Comparé à un riz alimentaire, le riz à saké est plus gros et à un coeur composé essentiellement d’amidon . Le roi des riz à saké s’appelle Yamada-nishiki. Il a été créé en 1934 par croisement entre deux variétés de riz, son cœur représente 35 à 40% du grain de riz. Même si Il est possible de faire du saké ave du riz alimentaire, l’intérêt d’utiliser un riz à saké est qu’on va pouvoir concentrer la teneur en amidon par le polissage en éliminant la couche extèrieur contenant une majorité de proteine et lipide.
11/ Quelle eau utiliser ?
Il faut de l’eau de source pure. Une eau dure est dite meilleure pour obtenir un bon saké, qu’une eau douce, car elle contient plus de minéraux qui vont favoriser la fermentation. Le potassium, le magnésium et certains composés de phosphore nourriront le koji et les levures, qui s’activeront et se propageront d’autant mieux pour envahir plus vite le brassin diminuant les possibilités qu’il soit contaminé par d’autres organismes nuisibles. Dans les faits l’expérience du brasseur est l’élément primordiale, que l’eau soit douce ou dure il saura comment agir pour obtenir ce qu’il veut quelque soient les conditions.
12/ Les levures
Sur les levures il y a débat ! Ce qu’il faut savoir c’est que contrairement au vin ou le raisin est juste pressé, dans le saké le riz est poncé, rincé puis cuit à la vapeur pour le rendre gélatineux, si bien qu’après toutes ces étapes le riz est débarrassé de ses levures indigènes. Traditionnellement c’était donc les levures vivant et contenues dans l’air de la brasserie qui permettaient la transformation du sucre en alcool. Le problème dans ce cas, c’est que tant que l’acide lactique ne s’est pas développé en quantité suffisante dans le fond de cuve (appelé shubo) pour protéger le jus en fermentation, des bactéries et des levures indésirables viennent occuper la place et pourraient gâter et donner un mauvais goût au saké. parfois même dans le cas où la quantité de levures est insuffisante, la fermentation ne pourra pas être menée à son terme. Aujourd’hui l’hygiénisme japonais est un frein au développement de ces méthodes utilisant les levures indigènes. Au début du siècle, les chercheurs ont réussi à isoler les levures idéales pour mener la fermentation du saké. Ce fut une révolution dans la production du saké, car cela a permis d’améliorer considérablement la qualité du saké. Aujourd’hui, il y a de nombreuses sortes de levures sélectionnées. Les plus utilisées sont les levures N° 6, 7 et 9. Pourtant récemment certaines brasseries très influencés par le mouvement du vin Nature qui est très à la mode au japon, reviennent aux levures indigènes, ces sakés sont souvent très acide, probablement par le manque d’acide lactique au début de la fermentation, parfois l’acide lactique va trop se développer ce qui va donner un goût de yaourt au saké. Mais quand le brasseur a su laisser les levures indigènes coloniser sa brasserie et qu’il maitrise ces fermentations, notemment celle du shubo, alors ces sakés à base de levure indigène appelées Kuratsuki, sont vraiment très agréables et très digestes.
ce qu’il faut retenir c’est qu’il n’y a pas de bataille entre levures indigènes et levures sélectionnées voir modernes, il faut que le saké soit digeste. une erreur actuelle des producteurs est de produire des sakés de levure, ils vont construire le saké autour des aromatiques des levures ce qui va standardiser les sakés, un bon brasseur va utiliser chaque étape de la production du saké pour construire son gout. Son saké ne ressemblera à nul autre quand les sakes de levures finiront par se ressembler tous, créant une course absurde pour avoir avant les autres la nouvelle levure à la mode.
13/ Les hommes
Plus qu’aucune autre boisson, le saké est d’abord un savoir faire complexe qui n’existerait pas sans le travail de l’homme. Quatre mots clefs autour de cet homme et de son travail : le savoir, la compréhension, l’organisation et le plaisir. Il n’y pas de bon saké sur du long terme, s’il manque un de ces mots clefs dans le quotidien de ces hommes.
14/ Qu’est ce que la double fermentation simultanée ?
La production de saké utilise la méthode « heiko-fuku-hakko » qui signifie littéralement « double fermentation simultanée ». L’utilisation de cette méthode est due au fait que le riz ne contient ni sucre ni levure, contrairement au raisin pour le vin. Produire du saké nécessite donc deux processus :
la saccharification (toka), avec l’enzyme (Aspergillus oryzae) du koji qui
permet d’obtenir du glucose à partir de l’amidon du riz.
la fermentation (hakko) qui avec l’aide de la levure (kobo) transforme le
glucose en alcool et en gaz carbonique.
Ce double processus est réalisé simultanément et dans une même cuve.
Par cette méthode de brassage, le saké obtenu peut avoir une
surprenante teneur en alcool de plus de 20 %. Cette méthode exige un grand savoir-faire, beaucoup d’expérience et du talent.
15/ La méthode Kimoto ?
La méthode kimoto fut utilisée pendant la période Edo. Il s’agit d’écraser le riz lors de la création du shu-bo, pour permettre au koji de transformer l’amidon en sucre. Ce procédé s’appelle yama-oroshi. A cette époque, le taux de polissage ne dépasse pas 90%, et on ne sait pas sélectionner les levures. Ce sont donc des levures indigènes qui permettent la transformation du sucre en alcool. L’acide lactique est produit naturellement, permettant une sélection naturelle des levures résistantes et protegeant des bacteries le jus en fermentation. Cette technique n’est utile que dans le cas d’un riz brun poncé en deçà de 90% (% de riz restant après polissage) . Lorsque le riz est poncé au-delà, il n’est plus nécessaire d’écraser le riz pour permettre au koji de transformer l’amidon en sucre. Aujourd’hui, la législation autorise l’utilisation de pures levures pour la méthode Kimoto.
16/ La méthode Sokujo ?
Au debut de l’ère Meiji, un groupement de brasseries engagea des chimistes pour étudier les méthodes de fermentation, et inventer de meilleures machines pour augmenter le polissage. suite à leurs travaux on découvre le procédé pour sélectionner et isoler les levures, et comment fabriquer de l’acide lactique. Ces découvertes permettent de simplifier le processus de fabrication, et de mieux maîtriser la fermentation. Afin d’empêcher le développement de levures présentes dans l’air, on procède à deux opérations : on ajoute dès le départ dans le réservoir servant à créer le shu-bo, l’acide lactique melangé à de l’eau. Puis, environ 12 heures plus tard, on ajoute la levure sélectionnée, qui en occupera toute la place. C’est une révolution dans le processus, car ces deux découvertes permettent d’éviter la multiplication des levures et bactéries indésirables et incontrôlables. Cette méthode a du succès dès le départ mais va vraiment s’imposer dans les année trente avec la découverte de la levure numéro 6.
17/ La méthode Yamahai ?
La méthode Yamahai a été inventé après la méthode Sokujo qui a permis de mieux comprendre les processus de fermentation. A partir de là les brasseur vont vouloir améliorer la méthode Kimoto ou il fallait écraser le riz, activité épuisante et nécessitant beaucoup de main d’œuvre. Yamahai signifie sans Yama-oroshi « ne pas écraser le riz ». Suite aux progrès techniques du polissage qui permettent d’atteindre un taux de polissage de 70%, on se rend compte qu’il n’est plus nécessaire d’écraser le riz, le koji pouvant de lui-même transformer l’amidon en sucre. Cette méthode fonctionne à partir d’un taux de polissage proche des 90% (c’est intéressant, car peut-être que cette méthode aurait pu être utilisée dès la période Edo) ; elle rend aussi inutile la méthode Kimoto, dès lors qu’on a un riz poli à un taux inférieur à 90%. Au moment ou la méthode Yamahai est inventée, on sait sélectionner les levures. Le brasseur a le choix entre levures sélectionnées et levures indigènes qui permettent la transformation du sucre en alcool. L’acide lactique est par contre produite naturellement, permettant de protéger le shubo (fond de cuve) des bactéries et levures indésirables.
18/ <Débat autour de ces 3 méthodes
De nos jours, beaucoup de brasseurs utilisent de nouveau la méthode Kimoto avec des riz poncés au delà de 70%, ce qui est complètement inutile et uniquement à visée commerciale. L’idée étant de bénéficier de l’aura du retour à la plus pure tradition ancestrale. L’absurdité allant jusqu’à produire des Daiginjo (riz poncé à au moins 50%). Ces brasseurs prétendent même ne pas utiliser de levure sélectionnée. Dans les faits, si on utilise les levures de l’air, on ne contrôle ni la quantité, ni la qualité des levures. Les conséquences sont : une production et une qualité aléatoire du saké. Dans la plupart des cas, les brasseurs utilisent alors des levures sélectionnées sans le dire aux consommateurs, cela étant autorisé par la législation, car ils ne peuvent pas se permettre de perdre leur production.
En résumé, la méthode Kimoto ne devrait être utilisée que dans le cadre d’un riz brun, c’est à dire poncé en deçà de 80%. L’acide lactique sera produit naturellement et on dira au consommateur s’il y a un ajout de levure sélectionnée ou pas.(Quelque soit le taux de polissage, si le résultat est bon et fait de beaux accords fusionnels alors on doit faire chapeaux bas, dans le saké la fin justifie souvent les moyens)
En-dessous d’un ponçage du riz de 80%, si on veut utiliser une méthode dite plus naturelle, on utilisera la méthode Yamahai qui produira aussi son propre acide lactique, et on dira au consommateur si on utilise des levures sélectionnées ou uniquement les levures de l’air. Il est important de dire aussi le contexte de brassage d’un saké dit en levure indigène. Si par exemple un brasseur utilise des levures sélectionnées pour ses autres sakés dans le même lieu de brassage, il est probable que la levure qui se développera naturellement sera la même que la levure sélectionnée, le milieu de la brasserie n’est plus neutre, on peut dire qu’il y a probablement une contamination par la levure sélectionnée de ces zones de brassage.
La méthode sokujo est la méthode la plus rationnelle dans le sens de plus facile et plus sûr, pour brasser du saké. L’acide lactique produit naturellement ne modifiant pas le goût du saké, il n’y a donc pas de contre-indication à utiliser de l’acide lactique produit à part ; et l’usage des levures sélectionnées empêche le développement de mauvaises levures pouvant gâter le goût du saké.
Quelle que soit la méthode, il faut apporter beaucoup de soin à chaque étape, laisser le temps au saké de se faire, et avoir une équipe passionnée par son travail. Ce que n’aura jamais la production de masse.
En résumé, il n’y a pas de mauvaise méthode, il y a pas de mauvais outils, l’important c’est l’intentions qu’on met pour faire le saké. Un artisan aura normalement toujours à coeur la qualité de son produit sur le rendement . Maintenant, selon Yoshimasa Ogawahara, un brasseur devrait parfaitement maîtriser la méthode sokujo, car cette méthode permet toutes les combinaisons possibles. Dès lors qu’on a compris le rôle de chaque étape, on peut ensuite jouer avec toute ces étapes pour aller où l’on veut et atteindre la constance. La constance c’est la qualité principal d’un artisan japonais, comprendre la nature dans ses différents états et savoir ce qu’il faut faire pour atteindre notre but. C’est pour ça qu’au japon le travail d’un artisan, c’est le travail d’une vie. Ensuite une fois qu’on a compris, on peut jouer avec la nature et utiliser les autres méthodes.
Cependant Rien ne doit se faire au détriment de la qualité de cette constance, car le producteur de saké est d’abord un artisan et parfois aussi un artiste.
19/ Pourquoi poncer le riz ?
Le cœur du riz à saké, appelé ’shinpaku’, est presque exclusivement
composé d’amidon pur. La couche extérieure du riz, elle, se compose
de protéines, de graisses, d’éléments minéraux, ainsi que de vitamines.
Elle joue un rôle caractéristique dans le goût du saké, mais peut aussi lui
donner une saveur désagréable s’il y en a trop.
Le taux de polissage correspond à la quantité de riz restante après le polissage. Par exemple, un taux de polissage de 60 % signifie que si l’on utilise 100kg de riz complet, ne seront conservés que 60kg après polissage. Certains sakés nécessitent un polissage jusqu’au cœur du riz ou shinpaku (cœur du grain). La taille du shinpaku varie en fonction du riz. Par exemple, pour le riz Yamada-nishiki, le shinpaku est d’environ 40% du grain entier. Pour arriver à ce taux de polissage de 40%, le temps de polissage nécessaire est approximativement de 80 heures (en-dessous de 40%, la qualité du cœur reste stable, et polir plus de riz n’apportera aucun bénéfice gustatif). Mais que signifie un taux de polissage si on ne connait pas le taux d’amidon du riz utilisé ?
20/ Pourquoi cuire le saké ? Quelle est la difference avec un namazake ?
Le saké obtenu sans cuisson est appelé ’Namazake’ littéralement « cru ». Il est obtenu juste après le pressage, il peut être micro filtré ou pas, réduit en alcool ou pas. je les préfère genshu dans leur entièreté. Les qualités d’un Namazake genshu bien fait (entier en alcool, sans ajout d’eau, entre 17°et 21° environ ) une grande présence, un nez et des saveurs évidentes, une grande buvabilité comme celle d’un vin primeur pur jus, explosion et longueur comme un spiritueux mais sans le feu.
C’est un vrai produit de caractère !!
Pourquoi quand on a un produit avec autant de caractère, d’unicité, le cuit on ?
Déjà en quoi consiste la cuisson ? Hi-ire est l’opération qui consiste à cuire le liquide pressé (seishu) à environ 65ºC, pour en arrêter complètement la fermentation. Ce procédé est généralement réalisé en deux temps : la première fois juste après le shibori (extraction), puis une deuxième fois à l’automne, après mûrissement pendant l’été, à l’embouteillage. Avant le second hiire, de l’eau est ajoutée au saké pour régler sa teneur en alcool aux alentour de 15°. On appelle ce procédé wari-mizu (dilution avec de l’eau).
Revenons un peu en arrière. Il y a très très longtemps, à une époque ou les brasseries de la region de Kyoto Nara voulait vendre leur saké à Edo (Tokyo), le voyage du saké se faisait par bateau et les sakés le supportaient mal. les brasseries ont probablement eu l’idée d’utiliser la cuisson pour aider à la conservation du saké. Puis petit à petit les brasseries, les consommateurs, se sont rendus compte qu’en chauffant le saké pour le boire, le saké retrouvait sont corps mais sans ego, sans attiré l’attention sur lui et que quand on mangeait avec le sake des nouvelles saveur surprenantes apparaissaient.
avec le temps on a compris que la cuisson avait changé la nature du sake de dominant en serviteur, que la raison d’être du saké cuit chauffé est de vivre pour la nourriture, plus précisément pour l’accord, le saké cuit chauffé révèle sa complexité par l’accord, c’est une trinité entre la bouche, le met et le saké, qui va enfanter de 3ème saveurs, on est totalement dans un accord fusionnel. le saké fait l’amour avec la nourriture pour le plaisir de la bouche.
C’est pour ça que si vous voulez vraiment comprendre le sake, il faut le chauffer et manger avec.
Si le saké est un produit de terroir, c’est par l’accord avec les mets locaux qu’il s’affirme
21/ Ginjo et Dai Ginjo ?
Les sakés Ginjo sont apparus au 20ème siècle avec l’industrialisation et le progrès des techniques de ponçage. Des nouvelles saveurs vont apparaître plus fruités et florales. Daiginjo signifie grand Ginjo, sorte de Graal de la pureté, en ponçant toujours plus le riz pour atteindre le cœur du grain. Le riz le plus utilisé, le roi des riz comme on l’appelle est le Yamadanishiki car il a le plus gros cœur de tout les riz entre 35% et 40% du grain de riz, il faut savoir que au-delà de 35%, le cœur de ce riz devient homogène. Il est donc inutile de poncer le grain de riz plus loin. En-dessous de 35%, c’est juste commercial. Les sakés dits Ginjo subissent une maturation lente, en abaissant la température aux alentours de 7°C pendant tout le processus de fermentation, mais il n’y a pas de règles officielles concernant la température.
Règles à respecter pour avoir l’appellation Ginjo :
taux de polissage (semaibuai) inférieur à 60%, voire inférieur à 50% pour le Daiginjo.
température de fermentation plus froide lors de l’étape du moromi, ce qui entraîne un temps de fermentation plus long de 10j. Soit environ 33j en tout.
un pressage plus délicat.
une plus grande attention pour la fabrication à toutes les étapes.
22/ De quelle qualité étaient les sakés avant et après la 2ème Guerre Mondiale ?
Avant la seconde guerre mondiale, tous les sakés étaient Junmai, c’est-à-dire purs, sans aucun additif ni enzyme artificielle. Ils se buvaient pour la plupart chauds. Après la seconde Guerre Mondiale, tous les sakés étaient élaborés, conformément à la loi, avec ajout d’alcool (éthanol) et exhausteurs de goût et agents de sucrosité. On appelait ces sakés sanzoshu, ce qui signifie « trois fois plus d’alcool avec la même quantité de riz ».Et les Japonais ont continué à les boire chauds car c’était dans la culture. Mais comme la chaleur fait ressortir tous les défauts, les japonais ont commencé à les boire froid voir glacé. Et la plupart d’entre eux ont arrêté d’en boire, surtout les nouvelle génération qui se sont tournés vers la bière et alcools occidentaux.
23/ Pourquoi le saké traditionnel Junmai a-t-il totalement disparu pendant la 2ème Guerre Mondiale ?
Quand le Japon entre en guerre, c’est un pays essentiellement composé d’agriculteurs. Ces agriculteurs vont partir à la guerre, ce qui va entraîner une pénurie de riz. Cette pénurie entraîne une politique nationale de rationnement du riz par le gouvernement japonais, qui va durer jusqu’en 1968. C’est donc le gouvernement qui distribue à chacun la quantité de riz à laquelle il a droit, les brasseries n’échappant pas à cette règle. La quantité de riz étant insuffisante pour continuer à produire la quantité de saké dont avait besoin le Japon, le gouvernement développe une technique avec adjonction d’alcool et exhausteur de goût, qui permet de produire la même quantité de saké en utilisant trois fois moins de riz : le Sanzoshu était né. Le ministère des finances fait alors adopter un décret obligeant toutes les brasseries à produire 100% de leur saké avec ajout d’ethanol dont au moins 35% de leur production en qualité Sanzoshu. 50% des brasseries sont alors fermées pour faire des dépôts d’armes, les autres devant obéir et appliquer la politique nationale. Le saké sanzoshu devient la norme, il faudra attendre presque 30 ans pour qu’un producteur ose remettre en cause cette situation.
24/ Pourquoi le saké avec ajout d’éthanol a continué à être la norme après la Guerre jusqu’à aujourd’hui ?
Assez vite après la Guerre, la quantité de riz produite est redevenue normale, mais le pays, qui avait été totalement détruit par les bombardements américains, devait se reconstruire. Le saké, pour son malheur, était le principal pourvoyeur de taxes, et il était exclu que ces taxes diminuent. Si les brasseries avaient recommencé à faire du junmai, la quantité de saké aurait baissé, car il faut beaucoup plus de riz pour faire du saké traditionnel.
La seconde raison pour laquelle les producteurs n’ont pas remis en cause cette façon de faire, c’est que cette technique permettait de faire du saké à moindre coût et d’avoir de fortes marges. C’est alors que petit à petit les Japonais se sont détournés du saké à la faveur des alcool occidentaux et de la bière. Il a fallu attendre 1966 pour qu’un producteur ose sortir de ce schéma.
25/ Comment à partir des années 70 le saké servi froid s’est imposé ?
On ne peut pas dire exactement ce qui au départ a fait bouger le marché, si c’est le goût des consommateurs ou un changement de stratégie des associations de brasseurs. Dans la réalité, c’est souvent un concours de circonstances plus ou moins étalé dans le temps. On peut donc relater des faits. Le premier fait, c’est que le saké d’après-guerre était de très mauvaise qualité, et que le fait de le chauffer le rendait encore plus mauvais. Le deuxième fait est l’histoire même du saké de type Ginjo qui est apparu au début du 20ème siècle, suite au progrès technique lié au ponçage du riz.
Au début du 20ème siècle apparaissent aussi deux associations, qui vont créer des concours. La première est une association de brasseurs, et la deuxième est une association gouvernementale. C’est le saké Ginjo et Daiginjo (grand Ginjo), qui créent de nouvelles odeurs fruitées, tirant vers la pomme ou les agrumes, qui vont gagner ces concours. Or, lors de ces concours, le saké est bu froid. On s’aperçoit aussi au départ que ces odeurs si particulières des sakés ginjo ont tendance à disparaitre quand les sakés sont chauffés. Ce pourquoi on pense que ces sakés sont fragiles. On commence à s’apercevoir aujourd’hui qu’il faut maîtriser parfaitement le processus de fabrication, pour pouvoir chauffer un saké Ginjo. Rares sont les brasseries qui ont atteint ce niveau. Ces sakés Ginjo étaient produits en très petites quantités, dans le but de les présenter en concours. Avant guerre, ces sakés étaient aussi évidemment tous Junmai. Après guerre, tous les sakés, y compris ceux de type Ginjo, contenaient de l’alcool ajouté et des exhausteurs de goût. Nous revoilà donc dans les années 60-70, les concours ont toujours lieu, les sakés pendant ces concours se boivent toujours froids, et les sakés ginjo gagnent toujours les concours. Les consommateurs se détournent des sakés bus chauds à cause de sa très mauvaise qualité. Dans le même temps, les producteurs de saké se rendent compte que quand on ajoute de l’alcool pur, c’est à dire de l’éthanol, cela va renforcer le goût Ginjo. La production dite de qualité va s’orienter vers ce type de sakés, les consommateurs suivent, c’est l’heure de gloire du saké froid on the rock.
A partir des années 70, le saké Junmai va refaire surface après presque 30 ans d’oubli. Les très rares producteurs ne maîtrisent plus les processus de fabrication, ce qui entraîne de mauvais goûts dans le saké. Le froid et les techniques de filtration au charbon vont atténuer ces défauts. C’est ensuite une bataille de plus de 30 ans pour que l’image du saké chauffé change, et que les consommateurs et les producteurs redécouvrent les raisons de chauffer le saké.
Depuis les années 2000, le saké chauffé de qualité fait son retour. De plus en plus de producteurs ont atteint un niveau de qualité de fabrication satisfaisant, permettant la chauffe de leurs sakés. On ne le dira jamais assez, la chaleur est un révélateur de qualité et de défauts, seul un saké de très grande qualité supporte la chauffe et dévoile alors tous ses secrets.
La seule exception concerne les namazakés, sakés crus, qu’on ne chauffe pas ou rarement et qui se boivent de préférence à température ambiante.
26/ Qui a fait renaître le saké Junmai ?
Yoshimasa Ogawahara est le père du saké traditionnel contemporain dit « Junmai ». Alors qu’il est encore étudiant, il décide que ce qu’il veut faire : c’est du Junmai et rien d’autre. Il pense avant tout le monde que c’est le seul moyen pour le saké de continuer à exister dans le futur. S’il ne le fait pas, les Japonnais continueront de se détourner de leur boisson de cœur, les brasseries continueront à fermer, la production de saké à décroître, et le saké disparaîtra.
Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’au Japon il est téméraire de remettre seul en cause le système et de s’opposer au groupe. Le groupe est plus important que l’individu, c’est un pays où il faut faire corps. Si on s’oppose au groupe, celui-ci va chercher à vous remettre dans le droit chemin jusqu’à vous broyer s’il le faut. Yoshimasa a 20 ans quand il décide que sa vie sera de faire renaître le saké Junmai. Il est plein de fougue et d’inconscience. En 1966 alors qu’il est étudiant, il va faire une première demande au bureau des taxes pour avoir l’autorisation de rebrasser du Junmai. Celle-ci lui est refusée, car il n’y a pas de précédent depuis la Seconde Guerre Mondiale. En 1967, il refait une demande, c’est sa dernière année d’université, il obtient pour la première fois depuis la guerre, l’autorisation officielle pour une brasserie de rebrasser du Junmai. Le bureau des taxes l’autorise à brasser la quantité symbolique de 3000 litres. Yoshimasa a réussi à les convaincre en leur disant qu’il souhaitait faire son mémoire sur le junmai, et qu’il avait donc besoin de tester en conditions réelles. Le bureau des taxes lui donne donc l’autorisation, pensant qu’il suivra ensuite la politique nationale du saké avec ajout d’alcool. Yoshimasa ne cessera jamais de faire du Junmai, c’est une bataille de 20 ans pour augmenter petit à petit les quantités produites, au péril de l’existence de la brasserie Shinkame. En 1987, la brasserie Shinkame devient la première brasserie à ne brasser que du Junmai !!
27/ Le saké Junmai est-il sauvé ?
Non, le saké Junmai n’est pas sauvé. C’est un écosystème fragile entre plusieurs corps de métiers et des matières premières aussi en danger.
Les producteurs de riz : il faut un minimum de brasseries pour que les paysans continuent à produire du riz à saké, qui est beaucoup plus contraignant à produire que le riz alimentaire. Yoshimasa estime qu’un minimum de 1000 brasseries est nécessaire. Le nombre de brasserie continue à diminuer, il n’en reste environ que 1200. Et plus grave la moyenne d’age des producteurs de riz est supérieur à 70ans.
Les producteurs de Tanekoji, indispensables pour que le Koji puisse se développer et permettre le processus de saccharification, produisant le Komekoji. Il n’en reste de nos jours que 6 entreprises au Japon.
Les producteurs de Kojibuta, un outil indispensable pour faire un bon komekoji.
L’eau aussi est en danger, les montagnes japonaises sont laissées à l’abandon, perdant peu à peu leur sol, suite à la disparition de l’habitat traditionnel en bois. Aujourd’hui les Japonais utilisent le béton armé pour les immeubles, et des matières synthétiques pour les petites maisons en préfabriqué. La pauvreté des sols appauvrit l’eau, et son débit est aussi moins constant.
Enfin, la législation concernant les procédés de fabrication favorise les industries, et donc la production de masse. Cela crée la confusion sur ce qu’est un saké de qualité, et réduit d’autant le marché pour ceux qui font un vrai Junmai.
1/ Un label de qualité créé par le gouvernement japonais qui met au même niveau saké Junmai et saké avec ajout d’alcool : le saké est une fermentation naturelle qui permet d’atteindre naturellement plus de 20°, il n’y a pas besoin d’ajout d’ethanol.
2/ Règle du komekoji quantité officielle minimum 15%. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’en dessous de 18% de komekoji, il faut utiliser une enzyme artificielle pour faire la saccharification. Ces enzymes artificielles permettent aussi de contrôler les arômes. Si ces enzymes sont utilisées, il n’y a pas d’obligation d’en mentionner l’utilisation sur l’étiquette.
3/ Règles sur le polissage : elles tendent à faire croire que plus on polit le riz, plus la qualité du saké est élevée. Avant 2004, il fallait polir au moins à 70% (% du riz restant) pour faire du Junmai. Après 2004, on peut soi-disant faire du Junmai avec un taux de 100%, c’est-à-dire sans le polir. En fait, cela ne signifie pas que le riz n’est pas poli, cela permet juste de récupérer la partie qu’on a enlevée pour poncer le riz et d’en faire du Junmai. Cette règle permet aussi de broyer le riz et d’en faire du Junmai.
Ainsi, même si en apparence, les quantités de junmai augmentent, il est fort probable que ce soit uniquement le Junmai de production industrielle qui donne cette impression. La production de masse cherchant à produire toujours plus, en réduisant ses coûts, et n’ayant aucun besoin d’entretenir l’écosystème du saké indispensable aux brasseries qui visent un saké de qualité.
pour finir la population japonaise est en déclin, le saké étant bu essentiellement par les plus de 50 ans, le marché japonais du saké va irrémédiablement se réduire, les pires heures pour le saké sont malheureusement à venir, j’espère avoir tord.